« Combas le Méditerranéen »

par Yolande Clergue, avril 2008

source : dossier de presse exposition « Ques Aco », Fondation Vincent Van Gogh – Arles, 2008


 

« Le monde de Combas en constante évolution refuse toutes références uniques, prenant le risque de rompre totalement avec les théories et pratiques de l’Art contemporain. Il vit le rythme de son temps dans une perpétuelle quête de renouvellement, posant son regard sur l’autre semblant lui souffler : « viens donc parler avec moi je veux te raconter la stupidité, la violence, la beauté, la haine, l’amour, le sérieux et le drôle, la logique et l’absurde qui entourent notre vie quotidienne. »

dalhiaLes Dalhias “bestseller” Acrylique sur toile, 2008 201 x 128 cm © Robert Combas

Une visite dans son atelier porte sa marque par la saturation de l’espace et l’abondance des oeuvres qui occupent les murs et se répandent dans les pièces adjacentes. Il y a des objets de toutes sortes, sculptures polychromes, meubles réalisés par lui-même, guitares, photographies, montagnes de livres, jouets. Ces abondances extrêmes se déplacent ou disparaissent. Combas n’en parle pas, se bornant à répondre aux questions qu’on lui pose.

Prolixe, il aborde de suite les thèmes convenant à ses affinités. Sa production de ces derniers mois est d’une prodigieuse richesse, l’invention allant de pair avec la profusion et la recherche des couleurs outrées qu’il parvient à traduire de manière exaltante. Ses origines méditerranéennes en sont la démonstration éclatante. Tels, les portraits travestis comme des hommages à la peinture des maîtres, ses tournesols dansent face à un Van Gogh au regard tranquille, apaisé.

Le mythe de Van Gogh demeure présent et Combas s’y attarde en nous entraînant devant un Vincent à tête de bûcheron admirant le foisonnement des tournesols. Suivent des gardiens de fleurs géantes, le monde enchanté des fleurs lui procure alors le moyen de peupler son univers. Leur lumière débordante nous étonne, la richesse des couleurs atteint le luxe suprême, “tableaux naïfs d’un pays de rêve qui ressemble au paradis.”

Les symboles du sud se rejoignent à travers la multitude de portraits de “grands mères et mères des peuples mélangés” sur fond de ciel bleu. “Celles qui rient, celles qui pleurent quand les pays se déchirent et tuent leurs maris, leurs petits, la Vie.” On les croiraient complices entre elles, rassemblées dans un long bavardage secret dont elles détiennent la clé. Magnifique série dont Combas seul, a le pouvoir de nous emporter dans son imaginaire.

Comme ses aînés, il s’approprie le réel et le réinterprète en le livrant aux savoirs et aux cultures les plus modestes. Il peint pour remplir le vide du chaos que notre monde nous inflige, constante obsession d’un artiste qui conjuge au futur sa passion de peindre. »

« Après Francis Bacon, Vincent van Gogh, Pablo Picasso, Claude Viallat, la Fondation, fidèle à sa vocation, contribue à mettre à l’honneur les oeuvres des chefs de file de l’art contemporain. Chaque exposition ayant un rapport signifiant avec Van Gogh.

peinture CombasMadame Tunisia d’Ardelaté Acrylique sur toile, 2008 65 x 50 cm © Robert Combas

Du 4 juillet au 2 novembre 2008, la Fondation Van Gogh d’Arles propose une nouvelle exposition consacrée à Robert Combas. Elle donne naissance à plus de cinquante oeuvres inédites, peintures, sculptures, céramiques créées spécialement à cette occasion et présentées pour la première fois. L’exposition est complétée par le somptueux autoportrait que Combas réalisa en 1988 en hommage à son aîné. L’ensemble est rassemblé dans cinq salles.

Combas, le Méditerranéen, découvre dans la ville d’Arles, face aux arènes, le lieu idéal propice à ses recherches picturales. Lors de son premier passage à Arles, il parcourait les lieux fréquentés par Van Gogh. Il visita le jardin des Alyscamps puis l’Abbaye de Montmajour et fut fasciné par la colline dominant l’immense étendue des champs peints par Van Gogh. Chaque lieu est un prétexte auquel il réagit vite guidé par l’envie et l’instinct. Il se montre alors enthousiaste, chaleureux.

Le choix de l’exposition d’Arles pour l’été 2008 a provoqué chez lui un réel engouement, fait de plaisir et d’allégresse, le sud étant l’élément déterminant convenant à ses affinités.

Son oeuvre remplie de lumière trouve ici toute sa légitimité, témoignant à nouveau de sa permanence et de sa créativité. »

Robert CombasBarbu Rouquin Acrylique sur toile, 2007 210 x 192 cm © Robert Combas

« Barbu rouquin blondinet prostré (ayant fumé) devant une fleur qui se met à délirer. Tout se mouvoit, tout se met à danser. Dehors, l’automne est bleu et gelé. Lui, le type il pousse du nez car l’odeur l’enivre et le « psychédélique ». »