« S’épanouir dans quelque chose c’est quand on est gosse qu’on a envie de s’épanouir, adulte on travaille, on travaille à un projet et l’on a des objectifs. Je m’épanouis quand je prends la liberté, c’est vrai que grâce à la création, grâce au privilège de faire ce que l’on a envie, il y a un épanouissement, adulte il y a aussi la frustration de ne pas avoir fait d’autres choses. Je n’ai pas d’idolâtrie particulière, certains artistes m’ont influencé, m’ont motivé. Tout m’intéresse que ce soit de façon active ou de façon passive.
La fenêtre optimiste Acrylique sur toile, 2007 202 x 185 cm © Robert Combas
« Les tulipes noires et jaunes accompagnées d’un ciel naïf, idéal, entouré d’un homme rouge au long nez et d’une femme qui ne l’est pas moins (le nez bien sûr), procurent une image d’été rieuse. »
J’aime le peintre, même le mauvais me touche, car il bosse, il cherche. S’il faut donner des noms, spontanément je dirais : Paolo Uccello, Tintoret, Dürer, Carpaccio, Boltanski aussi, Picasso évidemment, Ben, tous les artistes de l’Art Brut, j’aime Corpet aussi, Kijno bien sûr avec qui je fais un travail depuis quelques années. Boltanski, par exemple, ne m’influence pas directement par son oeuvre mais par son idée de l’oeuvre. J’aime les mouvements radicaux qui découlent des choix Dadaïstes comme Ben. Ces artistes m’ont permis quand j’étais jeune étudiant de me décomplexer, de mieux comprendre l’art, de le vivre avec engouement, passion et aussi de trouver ma place. Aujourd’hui, c’est différent, la liberté de l’art qui est ce qui m’a motivé devient n’importe quoi et c’est souvent prétentieux. L’art est basé sur l’argent et les moyens de production. Je ne me retrouve pas là-dedans et je peux comprendre que l’on arrive à caricaturer l’art contemporain.
Mon intérêt est l’interprétation des sujets, de l’objet, de la figure : une réécriture. Dans ma peinture, il y a une obsession du détail du costume, de l’ornement : que ce soit dans les graphismes ou dans le détail d’un sujet. Les chaussures dans mes tableaux, il y en a une collection inimaginable. Je pense être le seul artiste à traiter autant de cet aspect : ça peut être les costumes antiques, moyenâgeux, classiques, BD mais j’y ajoute toujours mon style. Je suis un peu comme un créateur de vêtements dans mes tableaux et je ne vois pas d’autres peintres qui traitent de cela. Je pense aussi être l’artiste qui a traité le plus grand nombre de sujets, c’est pour moi illimité.
Je me considère comme un maillon de la chaîne et je crois que la diversité est essentielle dans l’art. Mon oeuvre doit exister dans le monde de l’art aujourd’hui car elle apporte quelque chose mais elle n’est qu’un maillon. Je pense que ma peinture a été assez originale puisque très tôt, des gens s’y sont intéressés et ont manifesté une joie, un bonheur à la regarder et vivre avec. Cela me suffit, je pourrais vivre dans une grotte et seulement avoir à peindre, c’est vrai. Je suis conscient d’avoir eu la chance d’arriver au bon moment, mais je travaille beaucoup. Le travail est le côté artisan de l’artiste et je le défends. Je suis pour que la peinture soit considérée comme Art majeur, comme dit Gainsbourg. Je suis pour la diversité des pratiques artistiques, mais aujourd’hui on est “artiste plasticien”, “artiste visuel”, Ok pour tout ça, mais je m’énerve quand on cherche à ringardiser la peinture. On doit pourtant se battre pour trouver des lieux d’exposition, tous les lieux sont colonisés par les nouvelles pratiques artistiques. J’ai aussi fait partie des artistes à la mode dans les années 1980 et ai reçu beaucoup de soutien des institutions, des galeries… Mais l’artiste doit durer et c’est le plus difficile, il ne faut pas se prendre pour le Messie, il faut continuer à bosser ! Le milieu de l’art adore la nouveauté, les nouvelles tendances. On s’enthousiasme vite et l’on renie très vite ceux que l’on a aimés avant. »