C’est la première fois qu’il n’est pas là » : Malou, l’épouse du regretté Kijno, avait le cœur serré. Disparu en novembre 2012, l’enfant de Noeux-les-Mines laisse un si grand vide ! Mais le parcours des salles a pu la réconforter. Dans les sous-sols comme dans les combles du château situé à l’ouest de Rouen, sur les terres de Madame de Bovary, les deux artistes font des étincelles. Quelle énergie !
Kijno :Les premiers pas de l’homme, L’Apocalypse, Le grand tryptique pour Andrei Roublev, Le retour de Chine Phénix , la série des Boudhas… Elans cosmiques, papiers froissés, giclées de blanc, noirs profonds, sphères parfaites, énigmes et révélations, rêve de conquête spirituelle et spatiale.
Combas : A ma seule rigueur, la bulle sainte, le Boudha dégoulinant de lumière, la Vierge à l’enfant de Venise, petit chien console petit saint, l’archange… Foisonnement de traits, de couleurs et d’histoires, fulgurances fantaisistes et graves, sourires et grimaces, figures emblématiques et récits initiatiques, raffinement et sauvagerie, contours et remue-ménage, envie de tout embrasser et embraser.
Ce Chemin fut présenté à Tourcoing en novembre 2007, à Paris l’été 2008. Mais cette fois, on en mesure mieux l’envergure des quatorze grande toiles (195×130) réalisées à quatre mains
Cette magnifique série (la quatorzième station, Jésus mis dans le sépulcre, quelle splendeur finale !) conformément à la volonté de Malou Kijno, pourrait gagner Lille et le musée d’art sacré aménagé dans les sous-sols de la cathédrale Notre Dame de la Treille, dont Kijno a réalisé le grand vitrail . Rosace de la résurrection . Condition impérative : un accrochage permanent. Créé sous l’impulsion de Gilbert Delaine (le bouillant fondateur du musée de Dunkerque), ce centre d’art richement doté (Warhol, Baselitz, Fontana…), inauguré en 2003, est actuellement en travaux. Il faut espérer que ceux-ci s’intensifieront et que le nouvel espace sera à la hauteur du don envisagé !
Présent à Vascoeuil le philosophe Michel Onfray a salué a célèbré sans réserve Kijno le dionysiaque et Combas l’apollinien réunis dans une démarche unique « Le corps du Christ semble parfois taillé dans le tissu du cosmos : sous la peau écorchée et enlevée, on découvre des taches, des coulures, comme une déflagration d’étoiles s’effondrant sur elle-même avant de donner naissance à un monde, ou comme la chevelure d’une comète dont la poussière se charge de la lumière du soleil. La Christ apparaît donc comme ce qu’il est véritablement : le nom historiquement daté d’une lumière consubstantielle à la création du monde. Les artistes sont donc bien des créateurs au même titre, des démiurges. Sainteté de la peinture… »
Exposition au château de Vascoeuil jusqu’au 27 octobre, tous les jours en juillet et août (10h30-13h et 14h30 18h30). A 20km de Rouen sur la RN 31.
Et puis, place aux quatorze stations du Chemin de Croix qu’ils ont conçu et peint ensemble, le rebelle de Sète et le chaman de Noeux-les-Mines