ROBERT COMBAS a apporté à l’aube des années 80 une nouvelle peinture figurative. Présent sur la scène artistique dès 1979 il est le créateur d’un mouvement que Ben appela « LA FIGURATION LIBRE », mouvement regroupant : Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas et Hervé Di Rosa.

La « Figuration Libre » qui dans les années 80 désacralisait l’art et revendiquait pour la peinture ce que le mouvement punk affirmait pour la musique : tout le monde peut être un artiste.
 L’art de rue contre l’establishment. Poursuivant cette attitude provocante dans son travail personnel, Il se confronte à tous les défis artistiques : peinture, sculpture, musique, cinéma font partie de son travail et lui permettent de développer son imaginaire sur tous les supports.

Sa vie est peinture et sa peinture est vie, Robert Combas croque le monde, il le mâche et le recrache en miettes. Dans son univers parallèle on se tue mais ne meurt pas, l’amour et le sexe côtoient la guerre et la violence.

Robert Combas, exorcise les drames de l’histoire en les interprétant de son écriture poétique et humoristique, il décrypte le monde, l’embellit ou le noircit à sa guise, il nous emmène dans une incroyable aventure colorée et musicale.

Robert Combas Troubadour de l'espace. ¢Louis Jammes 1982

Robert Combas Troubadour de l’espace. ¢ Louis Jammes 1982

 

Robert Combas a grandi à Sète dans un milieu populaire, cosmopolite et marqué par la pensée communiste. Il étudie les Beaux-Arts à Montpellier de 1974 à 1979. Ce premier changement d’environnement culturel imprègne sa démarche artistique d’un savant mélange de « culture populaire » et de « culture légitime».

Surpris par l’énergie de la peinture de Combas, qu’il associe à la Trans-avant-garde Italienne (Enzo Cucchi, Francesco Clemente…) et aux nouveaux fauves Allemands et Autrichiens (Georg Baselitz, Martin Kippenberger…), Bernard Ceysson, alors directeur des musées de Saint-Etienne, propose au peintre une première exposition collective en 1980, « Après le classicisme », au Musée d’Art et d’Industrie de la ville. À la même époque, Combas rencontre les marchands Bruno Bischofberger et Daniel Templon et décide de s’installer à Paris. Les expositions se succèdent au cours des années 80 (chez Bernard Lamarche-Vadel à Paris; chez Ben Vautier à Nice; au MAMVP à Paris ; à l’ARCA de Marseille ; au CAPC de Bordeaux…). Rapidement son travail acquiert une large visibilité en France et en Europe, des galeristes montrent son travail à Düsseldorf (Eva Keppel), Amsterdam (Swart), Venise (Il Capricorno) puis aux Etats-Unis (Léo Castelli, New York), et jusqu’à Séoul (Blue).

Figuration libre

Figure de proue de la « Figuration Libre », l’œuvre de Robert Combas déborde les frontières de la peinture pour se déployer en volume, dessin, performance et musique plus récemment. Caractérisé par des couleurs vives et un trait noir délimitant les figures représentées, le « style Combas » se veut libre et spontané : « je réalise mes peintures d’un seul jet »(1). Il affirme dès la fin des années 70 une peinture personnelle, fruit d’un plaisir du geste qu’il oppose à l’intellectualisme régnant en art à l’époque (art-conceptuel, minimalisme, Support/Surface…). Dès les débuts, il se soumet volontairement au flux constant des images de l’industrie culturelle les instituant comme origine de son processus créatif. Ses sources d’inspiration sont alors multiples et déhiérarchisées (BD, publicité, mythologies antiques ou religieuses, revues, Histoire, TV, actualités…) ; il aime à traiter de sujets variés allant des images de la vie quotidienne (Chaussures pointues de plusieurs marques populaires, 1979) à la guerre (Guerrier soldat grec, 1984) en passant par l’amour (Les trois amoureux de la nature, 2002) ou la politique (Sadam usé, 2003).

(1) Entretien entre Lionel Balouin et Robert Combas reproduit dans : Cécile Debray, Robert Combas ; les années chaudes, Châteauroux : Les Musées de Châteauroux, Paris : Somogyéditions, 2001.

1983_les combats de Combas © Louis Jammes
© Louis Jammes
1987_Robert boxeur de la peinture

Sa peinture s’inspire du rock dont l’artiste est un fin amateur, des images populaires, des livres d’enfance, des manuels scolaires de tout ce qui fait une culture populaire accessible à tous.
Sa peinture s’inspire aussi des grands maîtres classiques qu’il ré-interprète, des dessins académiques qu’il tatoue, des grands drames de l’Histoire, des scènes mythologiques,  des guerres qui continuent de l’obséder.
Il est Peintre, peintre  résolument contemporain qui revendique la tradition à l’ancienne du peintre dans l’atelier.
Envahi d’une puissance créatrice qu’il doit dégager pour rester en vie, pour rester sincère, pour être lui-même, il crée sans cesse et son oeuvre peint est colossal !

Moi, je travaille des fois abstrait par jets de peinture, une sorte d’expressionnisme abstrait. Le figuratif c’est le côté amusant, pied sur terre ; au départ c’était une réaction dérisoire contre les peintures intellectuelles du milieu de l’art des années 70. Moi, je viens du milieu populaire, je vivais dans deux mondes différents. Il y a quand même des messages dans ma peinture : au départ c’est une certaine énergie, j’ai voulu peindre ce que je voulais. Dans la B.D on est coincé par les personnages, tandis que dans cette peinture, je suis libre complètement libre, même par le format.

Robert Combas

Robert Combas vu par Michel Onfray

Chevaucher le tigre. 

Robert Combas est né à Lyon en 1957. Les encyclopédies et les histoires de l’art associent son nom à la « Figuration Libre ». Mais, au-delà de l’étiquette, on peut aussi le voir comme un baroque lyrique, autrement dit : un peintre compagnon de route et de fortune de Dionysos, le dieu des vignes, du vin, de l’ivresse, de la fermentation, de la danse, de la folie, de la transe, des substances vitales (sang, sperme, sève, lait), des animaux puissants (taureaux, boucs, béliers), de l’extase, de la végétation luxuriante, de la musique percussive, mais également l’inventeur de la tragédie et de la comédie, donc du verbe sculpté. Comme Dionysos, il chevauche le tigre et prend donc chaque jour le risque de se faire dévorer par son art. Sa peinture est l’une des plus dionysiaques de l’histoire de la discipline.
Si Robert Combas dispose d’un véritable ancêtre dans l’histoire de l’art, c’est bien l’artiste anonyme qui dessine et peint des odyssées dans les cavernes préhistoriques à la lumière jaune des torches et aux parfums sauvages de lampes à graisse animale. Il suffit de voir l’homme se détournant de son chevalet, ecce homo, et l’on imagine sans peine qu’un peu plus négligemment coiffé, déshabillé, vêtu d’une peau de bête, barbu, crasseux, poilu, Robert Combas ne déparerait pas dans une horde primitive de l’époque magdalénienne. Combas est un chamane, il peint comme un chamane, il pense comme un chamane, il vit comme un chamane.

Michel Onfray. TRANSE EST CONNAISSANCE – Un chamane nommé Combas

Robert Combas vu par Demosthènes Davvetas

Robert Combas, entre liberté et provocation.

La peinture de Robert Combas est perpétuellement en éveil tout comme un organisme. Son oeuvre est en effet une structure constamment ouverte et qui, pour cette raison, a besoin continuellement de « nourriture » pour rester en vie. Il va sans dire qu’un tel phénomène n’est pas possible sans la présence de « l’autre » c’est dire du spectateur. Entre ce dernier et l’oeuvre de Combas se tisse une relation de complémentarité où l’un a besoin de « l’autre ». Et l’image est ce moyen qu’utilise Robert Combas pour « provoquer », pour obtenir une réaction du spectateur et pour « inviter » ensuite, c’est-à-dire lui souffler : « Viens donc parler avec moi je veux te raconter la stupidité, la violence, la beauté, la haine, l’amour, le sérieux et le drôle, la logique et l’absurde qui entourent notre vie quotidienne ».
Le langage artistique ne s’arrête pas aux frontières de l' »intime ». Bien au contraire, c’est en partant de cet élément « intime » qu’il va alors le dépasser pour devenir « social ». Un langage qui, en même temps, est une attitude positive ; car au-delà des scènes de violence ou d’intense sexualité, au-delà de la combinaison image mot (ou phrase), l’oeuvre de Robert Combas est avant tout un geste. Ce geste n’a aucune base didactique (le sujet n’est pas l’épicentre) mais est un comportement qui a soif d’élargir son champs d’action bien au-delà des frontières closes d’un langage de l’Histoire de l’Art, pou se tourner vers ce qui, jusqu’à maintenant, avait été méprisé par l’élite qui dominait l’art durant la période des années 70 : les dessins d’enfants, des fous, les bandes dessinées, la musique rock. L’enfantin, n’est en fait rien de plus qu’une stratégie : celle d’un peintre qui veut agrandir le terrain d’action de son iconographie. Et c’est l’oeuvre de Robert Combas : le comportement d’un peintre, qui, se trouvant en constante évolution, devient attitude. Une attitude qui ne se contente pas d’âtre essentiellement « artistique », mais se veut aussi « sociale ». C’est à dire une attitude critique.

Demosthènes Davvetas. Paru dans « DIALOGUES », éditions Au même titre. Septembre 1997

Robert Combas vu par PH. Dagen

Combas : un artiste d’une espèce si particulière qu’on ne sait ni comment la nommer, ni comment la définir. Un peintre,  qui est aussi dessinateur, sculpteur, bricoleur d’objets, inventeur d’assemblages et designer à l’occasion – aucun de ces mots ne va de soi, à commencer par « peintre ». L’un des fondateurs de la Figuration Libre, la précision est connue – si ce n’est qu’il resterait à préciser en quoi cette figuration est libre et de quel genre de figuration il pourrait s’agir. Et ensuite ? Un primitif ? Un primitiviste ? Encore faudra-t-il s’entendre sur le sens de la notion. Et sur quelques autres fréquemment employées à son propos, telles que : caricature, art brut, narration, burlesque.

C’est dire qu’il faut procéder lentement, reprendre l’analyse sans certitudes établies, faire comme si on n’avait jamais rien lu de ce qui a été écrit sur lui, repartir des œuvres, repartir de ce qui se voit.

Ph. Dagen, monographie, Schnoeck, 2005